Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a accusé, lundi 19 mars, le Hamas d’être directement responsable de l’attaque survenue le 13 mars contre le convoi du premier ministre, Rami Hamdallah, dans la bande de Gaza. Il a annoncé de futures sanctions contre le mouvement islamiste et menacé de mettre fin aux efforts de réconciliation entrepris entre son mouvement, le Fatah, et le Hamas.
Rami Hamdallah et le chef des renseignements, Majid Faraj, ont été la cible d’un attentat à la bombe, le 13 mars, lors d’une rare visite dans la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas. Ils en sont sortis indemnes. Immédiatement après l’attaque, qui n’a pas été revendiquée, l’Autorité palestinienne avait dit qu’elle tenait le Hamas pour responsable de cette explosion, sans pour autant l’accuser directement, mais en suggérant que les islamistes n’avaient pas mis en place un dispositif de sécurité suffisant.
Dans un discours à Ramallah, le président de l’Autorité palestinienne a condamné une attaque « scandaleuse et abjecte commise contre [Hamdallah et Faraj] par le mouvement Hamas dans la bande de Gaza ». Il n’a pas fourni de preuve à l’appui de ses accusations.
Mahmoud Abbas a toutefois déclaré qu’il n’avait aucune confiance dans le Hamas pour mener l’enquête honnêtement sur cette attaque.
La réconciliation au point mort
Mahmoud Abbas a ajouté qu’il n’y avait eu aucun progrès dans le processus de réconciliation entamé entre les deux groupes, mentionnant de récents efforts pour conclure un accord de partage des responsabilités pour la gestion des points de passage de la bande de Gaza ou la sécurité dans l’enclave.
Le président de l’Autorité palestinienne a sommé le Hamas de renoncer à contrôler le territoire faute de quoi il risquerait de prendre l’entière responsabilité de l’enclave et de ses deux millions d’habitants sans aucune aide de l’Autorité palestinienne, qui a le soutien des Occidentaux.
« En ma qualité de président du peuple palestinien, j’ai toléré beaucoup afin de regagner l’unité et unir la patrie et j’ai été accueilli par le rejet du Hamas et de son autorité illégitime », a déploré Mahmoud Abbas.
L’Autorité palestinienne, reconnue internationalement et censée préfigurer un Etat palestinien indépendant, a été évincée de force de la bande de Gaza en 2007 par le Hamas, ennemi d’Israël et infréquentable pour une partie de la communauté internationale. Une décennie de querelles désastreuses a ensuite opposé les organisations palestiniennes.
Le gouvernement de M. Abbas n’exerce plus ses prérogatives limitées que sur des fragments de Cisjordanie, occupée par Israël. Le Hamas a accepté, en octobre 2017, de rétrocéder à l’Autorité le pouvoir à Gaza, au moins civil. Mais le processus de réconciliation est à nouveau à l’agonie.
Mahmoud Abbas traite l’ambassadeur américain en Israël de « fils de chien »
« L’ambassadeur américain à Tel-Aviv est un colon et un fils de chien. » Lors d’un discours à Ramallah dénonçant la politique américaine face au conflit israélo-palestinien, le président palestinien a porté cette violente charge contre David Friedman. Ces propos ont entraîné une vive réaction de la Maison Blanche, dénonçant des « insultes déplacées ». « L’heure est venue pour le président Abbas de choisir entre la rhétorique haineuse et des efforts concrets pour améliorer la qualité de vie de son peuple et l’emmener vers la paix et la prospérité », a déclaré Jason Greenblatt, émissaire de Donald Trump pour le conflit israélo-palestinien.
Autrefois avocat de Donald Trump, M. Friedman a pris ses fonctions en mai 2017 précédé par ses positions controversées en faveur de la colonisation. Il est aussi un ardent défenseur de la reconnaissance de Jérusalem comme la capitale d’Israël et du transfert, à ce titre, de l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. M. Friedman, juif observant, a suggéré que les propos de M. Abbas étaient suspects d’antisémitisme.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a lui aussi dénoncé les propos du président Abbas. « Pour la première fois depuis des dizaines d’années, l’administration américaine cesse de cajoler les dirigeants palestiniens et leur dit “cela suffit”. Apparemment le choc de la vérité leur fait perdre l’esprit », a affirmé M. Nétanyahou sur son compte Twitter.